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Minute culturelle

 

"Tunisiennes, je vous aime" ! Chacune et chacun d'entre nous pourrait reprendre à son compte, ce cri du cœur et de la raison. Actives, brillantes, représentatives, les Tunisiennes sont partout et ont même investi les laboratoires de la recherche spatiale et ceux du changement climatique. A vrai dire, cette longue marche a commencé il y a longtemps déjà.

Remonter la généalogie des femmes tunisiennes permet de découvrir de nombreuses personnalités attachantes dont les traces continuent à nous interpeller. Comment oublier Elyssa, la fondatrice de Carthage ? Comment ne pas se souvenir de la princesse Aziza Othmana, mécène et bienfaitrice ? Entourées d'une aura de sainteté, Sayda Manoubia, Sayda Ajoula ou Lella Arbia ont, elles aussi, marqué leur époque. De nos jours, leurs sanctuaires continuent à attirer les fidèles par milliers.

La postérité a retenu ces noms et bien d'autres, alors que plus près de nous, elles sont également présentes dans l'essor du mouvement national et de la modernité tunisienne. Citons par exemple Tawhida Ben Cheikh qui fut la première Tunisienne à investir le monde de la médecine, Bchira Ben Mrad qui fut l'égérie des militantes de son époque, Radhia Haddad qui accompagna les premiers pas de l'Union nationale des femmes tunisiennes ou encore Souad Yacoubi Ouahchi qui fut la première de nos concitoyennes à diriger un ministère.

Faut-il pour autant n'évoquer que l'histoire proche ou lointaine lorsque des centaines de nos contemporaines sont exemplaires à plus d'un titre. Comment ne pas avoir à l'esprit Jelila Hafsia, Dorra Bouzid, Souad Guellouz ou Souad Chater qui, malgré l'âge, restent d'inébranlables références ? Et Safia Farhat qui fut de son vivant, l'une de nos artistes les plus emblématiques ! Et Fatma Chamakh Haddad dont l'enseignement ralliait tous les étudiants de philosophie ! Que de Tunisiennes méritantes qui ont investi tous les champs de l'art, de l'action et du savoir ! Dans cette quête d'excellence et d'autonomie, les Tunisiennes ont mené de nombreuses batailles pour l'émancipation et l'égalité des chances. S'il est vrai que le Code du statut personnel a donné un coup de pouce à nos concitoyennes, près de soixante-dix ans plus tard, elles ont conquis de nouveaux territoires et continuent à élargir leur présence. Dix ans après la révolution tunisienne, comment ne pas avoir une pensée recueillie pour trois Tunisiennes qui ont tant donné et brillé ? D'abord Maya Jribi, combattante au long cours tout comme Noura Borsali, journaliste et féministe. Ensuite, Lina Ben Mhenni qui fut de toutes les mobilisations de la jeunesse et demeure une figure consensuelle. Comment les citer toutes ? De fait, chaque voix compte et chacune des Tunisiennes se distingue à sa manière. Alya Menchari pilote des avions, Jelila Baccar écume les planches, Radhia Nasraoui est une figure du barreau, Amel Mokhtar nous raconte dans ses romans, Dorra Bouchoucha produit des films, Ons Jabeur domine les courts et tant d'autres se distinguent au quotidien.

Toutes ces Tunisiennes, je les aime car elles m'inspirent et nous montrent les chemins ardus du progrès. Dans ce bref éloge amoureux, je voudrais toutes les citer sans oublier les anonymes, celles qui sont nos mères, nos sœurs, nos épouses, nos collègues et nos amies.

Et peut-être, pour conclure, évoquerai-je une histoire vraie, de celles qui montrent de quelle trempe sont les Tunisiennes. C'est l'histoire d'une grand-mère et de son petit-fils, orphelin, qu'elle a élevé jusqu'à ce qu'il vole de ses propres ailes. Enfant, il lui récitait ses leçons et elle l'aidait à préparer ses devoirs. Et cette discipline qu'elle lui imposait a profondément forgé sa personnalité.

Adulte, il a découvert que sa grand-mère était analphabète et qu'elle avait utilisé une ruse lui faisant croire qu'elle savait lire et écrire, pour mieux l'encadrer. Aujourd'hui, le petit garçon est devenu un brillant médecin et garde l'image d'une aïeule qui lui a défriché les chemins de la réussite. Pour son exemplarité, cette histoire méritait d'être racontée en hommage à toutes ces femmes de tête et ces mères-courage qui sont les locomotives de chaque famille.

Tunisiennes, je vous aime ! Je le dis, l'écris, le répète, persiste et signe. En cette journée internationale des droits des femmes célèbrée le 8 mars de chaque année, il est de tradition de vous saluer avec respect et reconnaissance et nous serons toujours nombreux à le faire.