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Minute culturelle

 

Génial précurseur, Albert Samama Chikly est celui par lequel le cinéma tunisien est né il y a un siècle. La vie de cet artiste se confond avec le monde de l'image.

Dès ses débuts, il avait choisi la photographie et réalisé de nombreux reportages en Tunisie et ailleurs, notamment en Sicile.

Côté cinéma, il avait organisé les toutes premières projections de films à Tunis. En effet, avec son ami Soler, un photographe réputé, ils avaient installé un cinématographe dans l'arrière-salle d'une boutique et fait découvrir le septième art au public tunisien à la fin du dix-neuvième siècle.

Albert Samama Chikly sera à l'origine de plusieurs initiatives au début du vingtième siècle. C'est ainsi lui qui le premier, prendra des vues de Tunis à partir d'une montgolfière qui avait décollé de l'avenue de Paris.

C'est lui aussi qui organisait des rencontres festives à l'île de Chikly, ce qui lui valut d'ailleurs son surnom qu'il portera comme un signe de noblesse.

Toujours à la pointe des technologies de l'époque, il sera également un inventeur de renom. Toutefois, c'est par le cinéma qu'il entrera dans la postérité.

Outre sa production de documentaires, il a réalisé les deux premières oeuvres de fiction du cinéma tunisien. Dans son premier court métrage de fiction, "Zohra" (1922), le premier film tunisien, Samama-Chikli raconte l'histoire d'une jeune naufragée française, tombée d'un avion, qui va être recueillie par des Bédouins tunisiens et qui va vivre pendant un temps avec eux.

Ce film rencontrera un grand succès lors de sa présentation au cinéma Omnia Pathé de Tunis, le 21 décembre 1922. Il donne à sa fille, Haydée Tamzali, le rôle principal, elle qui deviendra sa première interprète féminine et sa scénariste et par là, probablement la première actrice du monde arabe. Samama-Chikli tourne ensuite en 1924, "La Fille de Carthage", premier long métrage réalisé par un Tunisien. Réalisé avec le soutien de Habib Bey qui assiste au tournage à Tunis, ce dernier fournit son palais et tous les figurants dont Samama-Chikli a besoin. Mélodrame, le film raconte l'amour impossible entre un instituteur et une fille dont le père l'a promis au fils du cheikh.

Avec ces deux films devenus des oeuvres de répertoire, Albert Samama Chikly signait l'acte de naissance du cinéma tunisien il y a un siècle. Quant à lui, l'intrépide défricheur, il aurait eu 150 ans en 2022.