Fil de navigation UIB

Minute culturelle

 

Fondée en avril 1976, la galerie Irtissem a ouvert ses portes sur une exposition collective rassemblant de nombreux artistes de la scène expérimentale tunisienne. Durant un mois, le public a pu découvrir les nouveaux enfants prodigues du monde des arts et la génération montante qui allait s'affirmer au cours des décennies suivantes.

Au cœur de la rue d'Alger, entre librairies, cinémas et centres culturels, Irtissem a dès ses premiers pas constitué un pôle innovant, avec deux niveaux dont les cimaises accueillaient des œuvres iconoclastes sous le regard attentif de Mahmoud Sehili et Ridha Ben Abdallah, à la fois fondateurs, animateurs et métronomes de la galerie dont le nom signifie simplement "Dessin".

L'exposition inaugurale a rencontré un succès incontestable. Le public avait alors découvert des travaux iconoclastes à valeur de manifeste et pu apprécier les volumes de la galerie elle-même dont l'architecture d'intérieur avait été déployée avec le soutien de l'Union internationale de banques.

À ce titre, l'UIB s'est souvent distinguée en apportant son appui à des initiatives artistiques. Ainsi, outre les travaux d'aménagement de l'espace qui allait accueillir la galerie Irtissem, l'UIB avait également participé à la restauration de Dar Bouderbala qui allait devenir l'écrin de la galerie Médina. Cette politique pionnière a conféré à l'UIB un rôle central dans le mécénat culturel en Tunisie. Cette vocation sera confirmée et consolidée avec la création en 2016, de la Fondation Arts & Culture by UIB.

À la galerie Irtissem, les expositions allaient se succéder. Après la collection inaugurale, Rafik El Kamel puis Brahim Azzabi allaient maintenir l'élan et ouvrir la voie à de nombreux artistes qui investiront une galerie ouverte à tous les vents de la création. De Nja Mahdaoui à Noureddine El Hani en passant par Ahmed Ben Abdallah, Lamine Sassi ou Naceur Ben Cheikh, ils seront nombreux à imprimer un tempo alternatif à cette galerie de tous les désirs.

En cette fin des années soixante-dix, les galeries d'art étaient nombreuses au centre-ville de Tunis. Et si la galerie Yahia et la galerie l'Information faisaient figure d'espaces officiels, les initiatives privées ne manquaient pas avec la galerie Attaswir d'Abderrazak El Fehri ou le Salon des Arts de Juliette Nahum.

L'appui de l'UIB aux artistes s'était alors matérialisé par la constitution d'une collection de premier plan qui rassemble des œuvres d'artistes de toutes les tendances et générations. Ces fleurons aussi rares que précieux sont l'une des fiertés de l'UIB qui en prend soin et les met en valeur de diverses manières.

En évoquant Irtissem, ce sont les empreintes de plusieurs autres galeries qui surgissent. Citons la galerie Gorgi, Chérif Fine Arts ou la galerie Chiyem qui elles aussi ont contribué de manière décisive à la vie artistique. Toutes ont laissé des traces vives et font désormais partie de notre mémoire culturelle.

Quant à la galerie Irtissem, elle a fermé ses portes en 1983 après avoir propulsé toute une génération d'artistes. Occupé aujourd'hui par un café, l'emplacement de la galerie se souvient des jours fastes d'Irtissem et de l'essor des arts vivants.