Sculptée sur mesure par des artisans contemporains, et décorée par un artiste, la "khabcha" du palais Ahmed Bey est de nouveau sur le fronton de cette demeure patricienne de la Marsa. Cette "khabcha" est l'équivalent d'un blason ou d'armoiries. On trouvait ces "khabcha" sur le fronton des palais husseinites. Celle du palais Ahmed Bey vient ainsi d'être remise à l'honneur dans le cadre de la rénovation de cette grande demeure marsoise destinée à accueillir un hôtel de prestige.
Une palais classé monument historique en 2016
Le travail des artisans et artistes contemporains a donné un look superbe à ce palais qu'on dirait tout droit sorti du dix-neuvième siècle. Construit en 1847, classé monument historique en 2016, le palais Ahmed Bey est ainsi en passe de retrouver une nouvelle jeunesse. Squatté, dégradé, quasiment en ruines, le palais Ahmed Bey avait absolument besoin d'une restauration salvatrice. Situé non loin du Saf Saf, ancienne propriété du comte Raffo, ce palais acquis par Ahmed II Bey a longtemps été abandonné à son sort. Il a fallu un projet touristique et culturel pour redonner vie à cette demeure patricienne. Aujourd'hui, la rénovation du palais avance à grands pas et rend de belles couleurs à un édifice qui en avait bien besoin. Restitué à son environnement, restauré dans les règles de l'art, le palais revient à la vie et on ne peut que s'en féliciter.
Un rêve renaît à la Marsa !
En plein cœur de la ville de la Marsa, sur l'une des places publiques principales, le délabrement avancé du palais Ahmed Bey faisait honte à voir. À quelques mètres des cafés les plus emblématiques de la ville - le Saf Saf et le café Haouas -, non loin de la mosquée Al Ahmadi et de la galerie El Marsa, le piteux état du palais défrayait la chronique depuis des décennies. Souhaitée par tous, la restauration qui tardait à venir, vient de connaître un coup d'accélérateur remarquable. En effet, le palais en ruines vient de changer de mains et les nouveaux propriétaires ont engagé une restauration quasiment à l'identique. Propriété d'un établissement international qui l'avait racheté aux ayants-droit, le palais Ahmed Bey a désormais été repris par une société de droit tunisien. Cette dernière avait obtenu l'approbation unanime du Conseil municipal de la Marsa avant d'engager le chantier tant attendu. Ainsi, l'édifice menaçant ruine est désormais en passe d'être transformé en hôtel de prestige avec des objectifs touristiques, culturels et patrimoniaux. C'est sous la supervision de l'Institut national du patrimoine que les travaux de rénovation ont été engagés depuis plusieurs mois. La reconversion de cette ancienne demeure devrait en outre contribuer à la mise en mouvement de nombreux espaces patrimoniaux dans la ville de la Marsa.
L'histoire séculaire d'un palais
Cette solution trouvée pour le palais Ahmed Bey est de ce fait une bonne nouvelle qui permet à la Marsa de dynamiser son patrimoine et valoriser son cachet de ville historique. Dans une notice sur les palais d'été autour de Tunis, Jacques Revault nous apprend que "le palais d'Ahmed bey, fils d'Ali bey, n'était séparé de la mer que par les jardins de son ministre, Mohamed Khaznadar. Le comte Raffo l'aurait tout d'abord édifié pour en faire sa résidence personnelle. Devenue propriété beylicale, celle-ci ne cessa de s'agrandir avec la construction de nouveaux bâtiments". Fils d'un horloger génois, le comte Giuseppe Raffo (1795-1862) était connu pour sa richesse qui lui permit de posséder un hôtel à Tunis et un palais à La Marsa. Il dut sa fortune à la faveur dont il jouissait auprès d'Ahmed bey (son beau-frère) qui en fit son ministre des Affaires Etrangères. Nommée palais du Saf Saf, la résidence du comte Raffo et d'Ahmed Bey est ainsi en voie de restauration et devrait constituer un nouveau pôle d'excellence touristique et culturelle à la Marsa, en banlieue nord de Tunis.