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Minute culturelle

 

Autodidacte jusqu'au bout des ongles, Ammar Farhat a d'abord été un adolescent qui dessinait. Dès l'âge de quinze ans, il a commencé à réaliser croquis et portraits, consignant ses esquisses sur tout ce qui lui tombait sous la main. Enfant de la balle, il a grandi dans les faubourgs nord de Tunis où il a atterri avec ses parents alors qu'il n'avait que sept ans. Haut comme trois pommes, il allait se fondre dans la ville et apprendre à regarder les êtres et les lieux.

Sa naissance à Béja en 1911 n'a jamais véritablement marqué son oeuvre. C'est plutôt sa proximité avec le petit peuple et son intérêt pour les scènes de la vie quotidienne qui allaient structurer ses créations. Dans un style plutôt réaliste, teinté d'humour et ancré dans la jubilation, Ammar Farhat a peint les Tunisiens, leurs rituels et cérémonies ainsi que la simplicité de leur vécu. Son appartenance à l'École de Tunis, l'exemple de Yahia Turki ou Abdelaziz Gorgi allaient beaucoup compter dans son oeuvre.

Quant à sa pratique, elle évoluera au fil des cinq décennies durant lesquelles il produira une authentique encyclopédie des coutumes et traditions populaires. L'écho de ses voyages d'apprentissage restera aussi perceptible dans ses travaux. De Paris à Rome en passant par Stockholm et Moscou, Ammar Farhat a connu de nombreuses années de formation qui ont pleinement rejailli sur son oeuvre, la bonifiant et l'ouvrant sur d'autres influences.

Jusqu'à sa mort en 1987, Ammar Farhat continuera à peindre le peuple, faire remonter le souvenir et raconter avec beaucoup de tendresse, les mille et un personnages de nos médinas. Il a laissé la trace d'un géant à la palette généreuse et des récits qui, à leur manière, nous transmettent un héritage de lumière.